[Textes] Divagations

Bacheli(er/ère)

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Envahie par la torpeur
Engluée dans la vapeur
Et les courants, trompeurs
J'entends les mots, rieurs.

La voluptueuse indolence
S'éveille, avec violence
Selon toute vraisemblance
L'appel de l'inconscience

La surface enfiévrée
Se trouble, dévisagée
Mes toxiques pensées
Ou une vérité ancrée ?

Bacheli(er/ère)

"Pas de crainte, pas de plainte...
Prépares toi à me recevoir.

Tu vivras, mais au prix d'une lente métamorphose.

Ces pulsions de Haine te pousseront à la Furie,
Ces pulsions de Désir te pousseront à la Débauche,
Ces fragments de Passion te dévoreront,
Ces fragments de ma Noirceur s'ancreront en toi.

Ma sombre silhouette charriée par la Vie.

Tu ne pourras en déterminer la source,
Je viendrais te susurrer à l'oreille,
Quand sera le moment.

Ecoute mes douces complaintes,
Elles t'envahiront, te submergeront.

Je suis le Vice et la Vie en toi,
Tu seras mon ascension et ma déchéance."

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Bacheli(er/ère)

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Je suis là.
Qui es tu ?

Je suis là.
Je te vois. Semblable. Différent.

Je suis là.
Cesse de me troubler.

Avec toi.
Ne comprends tu pas ?

Avec moi.
Je me dois d'aller jusqu'au bout.

Là où tu appartiens.
Là où rien n'importe, et personne n'aime.

Là où j'appartiens.
Pas de lumière, pas d'air, pas de vie.

Tu comprendras.
Un endroit appelé Haine et Peur.

Ce sera comme t'endormir.
Et la souffrance s'arrêtera.

Cela arrêtera ta souffrance.
Je m'endormirais.

Rejoins moi.
L'heure vient.

Je sonde ton âme.
Les morsures se succèdent,
Le venin s’écoule,
Les tourments s’enchaînent.

Embrasse la souffrance.
Prisonnière de ma propre torture.

Bientôt vient l'heure de ma moisson.
Cette mort, inéluctable.

Tu te souviendras.
Je te reconnaîtrais.

Bacheli(er/ère)

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Mon cœur va s'arrêter.
Ma course contre la mort est enfin arrivée à sa fin.
Mes yeux regardent mais ils sont aveugles.
Putain...
Et cette odeur entêtante.
ça s'infiltre, ça rampe,
ça brûle, ça mord.
ça aura bientôt raison de moi.

[...]

Je revois...
Les ombres dansantes sur les murs de pierre.
Les flammes dévorant les corps déformés.
Les cris des condamnés, les cris des suppliciés.
La peur de se perdre, dans tes yeux.

[...]

Je revois...
Notre fuite sur les chemins de l'Ouest.
Toi, moi. Semblables, Différents.
Ta mort, ne faisait pas partie de nos plans.
Ma survie, non plus.

[...]

Je serais bientôt là.

Bacheli(er/ère)

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Contrairement à ce que j'avais escompté, il ne m'avait pas vraiment quittée.
Il me guidait dans les sentiers du marécage, sûr de lui, du chemin et de ses pas. Je le suivais docilement.
Pour quelle raison, dans quel but ? J'avais beau fouiller, chercher, dans les recoins de ma mémoire, je n'arrivais pas à mettre la main sur ce souvenir. Je revoyais pourtant son beau visage me parler... Le son de ses mots me parvenait au travers d'un brouhaha, incompréhensible.
Mon esprit restait embrumé par la décoction que le vieux m'avait préparé.

J'évoluais parmi les roseaux, mes pieds nus foulant la vase. Il ne me devançait que de quelques pas, me tenant la main comme à une enfant perdue. Le temps semblait s'étirer à l'infini, le soleil déclinait lentement vers l'horizon sans vraiment l'atteindre et la moiteur des lieux nous accablait.

"Nous allons là où il ne fait jamais vraiment jour, là où il ne fait jamais vraiment nuit."

Enfin, il me mena sur un sol plus sec, un îlot au milieu de nulle part. Ses doigts se resserraient sur les miens, me pressant de me hâter.
Nous arrivions au pied d'un arbre sombre, au tronc noueux et informe, aux branches tordues dans une perspective dérangeante. Il tendit une main vers l'unique fruit que portait l'arbre, une pomme vermillon, alors que son autre bras me pressait contre lui. J'avais soif, j'avais faim après cette longue marche éprouvante.
Je voyais de nouveau son visage au sourire narquois, ses yeux remplis d'une malice malsaine m'observer. Mais je voyais aussi du coin de l’œil les mouvements sinueux à nos pieds.
Pourquoi étions nous ici ? Cela n'avait aucune importance.
Seuls comptaient Lui, la pomme, l'arbre, et le contact froid de la chose qui commençait à ramper et glisser le long de ma cheville.

"Celui-ci, sera ton premier gardien"

Alors il croqua dans la pomme, et je croquais à mon tour.
A la douleur de la morsure, suivit celle du venin.

Bacheli(er/ère)

Le rythme des séances s'était intensifié. Les breuvages du vieux devenaient de plus en plus forts. Si bien que - maintenant je le comprends - la frontière entre les mondes s'affinait dangereusement. Je passais de l'un à l'autre, sans pouvoir déterminer où j'étais.

Il y avait Maintenant. Le monde du vieux, du village, de la neige et du chasseur. Le monde des règles et des cycles.

Et il y avait Autre. Le monde des gardiens, du guide. Un monde répondant à ses propres influences et fluctuations.

Les visions, le présent, la douleur, les vérités se mêlaient allègrement dans une danse interminable.

Je crois que mon esprit aurait définitivement cédé à la folie si les rituels du vieux avaient continué plus longtemps. Les gardiens, en nombre suffisant, d'après lui, avaient réussi à passer de Autre à Maintenant.

Mon corps pouvait en attester.

Bacheli(er/ère)

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[...]

J'avais des phrases banales pour répondre à ceux qui se risquaient à m'adresser la parole.

Mais la plupart du temps, les conventions de la Cité imposaient un silence contrit, un dédain difficilement masqué, une colère, l'indifférence. Alors je laissais cette force occulte m'engourdir, prendre possession de mes sens auparavant grossiers et imparfaits. Je peuplais le vide de fantômes, écoutais le moindre son, la moindre brise, la moindre pluie.

Ma pensée, invisible, demeurait inexplorée.

[...]

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